Dans un pays lointain vivait un voleur de rêves. C’était un homme filiforme, aux épaules courbées et vêtu de noir. À la place du cœur palpitait une forme incandescente qui ressemblait à un foyer d’énergie, une sorte de petit volcan en éruption lente. Tout en lui était chaleur vive et la cueillette d’un rêve lui apportait une profonde satisfaction....
J'avais écrit à Alain Nadaud : "La littérature n’est pas l’unique fait de celui qui écrit, elle est un monde relié, un dépassement de tous les individualismes, une aventure partagée." Il m'a répondu que c'était rejoindre l'écrivain qu'il était à ses débuts, si « fortement inspiré par Borgès qu'il ne pouvait en lire une ligne sans ressentir en sa chair le vif désir d'écrire ». Dans Archéologie du zéro, il communiait avec lui « dans cette idée que la littérature est un vaste ensemble qui a sa logique et son autonomie, à l'intérieur de laquelle les écrivains sont appelés à se fondre et disparaître ».
Si nous restons dans cet espace de pur échange entre l'œuvre et le lecteur, l'auteur et le lecteur, nous nous donnons la possibilité d'échapper à tout ce qui est aliénant dans le cirque médiatique et de rejoindre ce flux qui porte: la littérature se suffit à elle-même. Elle a les réponses à nos questions, nos contradictions. Nous sommes aimantés par les grands livres, au-delà du jeu social.
Il me plaît de penser que dans cet espace sacré les écrivains préserveront le goût d'écrire et les lecteurs de lire. (extrait de « Sans pouvoir »).
Valérie Rossignol